L’Arabie Saoudite a confirmé dans la soirée du vendredi 19 octobre 2018 le décès du journaliste Jamal Khashoggi dans les bureaux du consulat saoudien à Istanbul.
Disparu depuis le 2 Octobre, Jamal Khashoggi n’a pas été revu depuis qu’il s’est rendu au consulat de l’Arabie Saoudite à Istanbul pour une démarche administrative et des responsables turcs ont affirmé qu’il y a été assassiné par un commando spécialement envoyé de Ryad.
La monarchie a déclaré dans un premier temps que le journaliste avait quitté le consulat avant de se rétracter pour déclarer qu’il a été tué suite à une bagarre dans le consulat sans pour au temps préciser si le corps a été conservé ou pas et sans revenir sur les détails du décès.
Mais la diffusion, jeudi, de nouvelles images retraçant les mouvements à Istanbul d’un officier des services de sécurité proche de Mohammed ben Salmane a renforcé les soupçons sur une implication de Ryad au plus haut niveau dans la disparition de Jamal Khashoggi, un chroniqueur du Washington Post installé aux Etats-Unis depuis 2017 après être tombé en disgrâce à la cour royale d’Arabie.
Devant cette accumulation d’indices, le président américain, qui a d’abord cherché à ménager son allié saoudien, a pour la première fois admis jeudi que ce journaliste était très probablement mort, menaçant l’Arabie saoudite de « très graves » conséquences si sa responsabilité était avérée.
Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a prévenu vendredi que les Etats-Unis disposaient d’une « large gamme » de sanctions possibles contre l’Arabie saoudite s’il s’avérait qu’elle était derrière la disparition du journaliste Jamal Khashoggi.
« Nous allons certainement envisager une large gamme de réponses potentielles mais je pense que l’important est que les faits apparaissent au grand jour », a affirmé le secrétaire d’Etat américain dans une interview à Voice of America, alors que les soupçons se font de plus en plus tenaces sur l’hypothèse d’un assassinat du journaliste orchestré par Ryad.
Mike Pompeo est revenu sur sa visite en Arabie saoudite cette semaine où il a rencontré le roi Salmane, le prince héritier Mohammed ben Salmane et le ministre des Affaires étrangères Adel al-Jubeir.
« J’ai été très clair, leur expliquant que les Etats-Unis prenaient cette affaire très au sérieux. Que nous désapprouvons les assassinats extrajudiciaires« , a-t-il déclaré lors de cette interview.
« Ce n’est pas quelque chose de compatible avec les valeurs américaines« , a poursuivi M. Pompeo. « C’est leur responsabilité alors que cette affaire s’est déroulée dans le consulat. C’est leur responsabilité de tirer au clair cette affaire. »
« Les Etats-Unis prennent note de l’annonce par le royaume d’Arabie saoudite que l’enquête sur le sort de Jamal Khashoggi progresse et qu’il (le royaume, ndlr) a entrepris des actions à l’encontre des suspects qui ont été pour l’instant identifiés« , a affirmé la porte-parole de l’exécutif américain, Sarah Sanders.
« Nous sommes attristés d’apprendre que la mort de M. Khashoggi a été confirmée et nous présentons nos condoléances les plus sincères à sa famille, à sa fiancée et à ses amis« , a-t-elle ajouté.
« Nous allons continuer à suivre de près les enquêtes internationales sur cet évènement tragique et appeler à ce que justice soit rendue dans les meilleurs délais et de manière transparente, et en accord avec l’état de droit« , a-t-elle encore dit.
Les Sénateurs américains haussent le ton
Des élus américains se sont montrés nettement plus durs que la Maison Blanche concernant l’annonce saoudienne.
Le sénateur Lindsey Graham, un proche allié du président Donald Trump, a mis en doute la crédibilité des autorités saoudiennes qui ont assuré pendant deux semaines que le journaliste avait quitté le consulat vivant.
« Dire que je suis sceptique sur la nouvelle version saoudienne sur M. Khashoggi est un euphémisme« , a tweeté le sénateur républicain.
Bob Menendez, membre démocrate de la commission des affaires étrangères au Sénat, a lui estimé que les Etats-Unis devaient sanctionner les Saoudiens impliqués.
« Même si Khashoggi est mort en raison d’une altercation, rien n’excuse son meurtre« , a-t-il tweeté. « C’est loin d’être la fin (de l’affaire, ndlr) et il faut que nous maintenions la pression internationale« .
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