La ministre de l’Ecologie et de l’Energie Ségolène Royal a annoncé jeudi un gel des tarifs de l’électricité, une décision qui faisait chuter le titre d’EDF en Bourse et devrait être attaquée en justice par les concurrents de l’opérateur historique.
Les tarifs EDF n’augmenteront pas au 1er août prochain, a déclaré la ministre sur BFMTV, alors qu’une hausse de 5% était attendue pour les particuliers.
Les tarifs réglementés de l’électricité, appliqués par EDF et qui concernent 92% des foyers français, sont fixés annuellement par le gouvernement, après avis de la Commission de régulation de l’énergie (CRE).
Ils ont augmenté de 5% le 1er août 2013 et une hausse de même ampleur était prévue cette année.
Peu après sa prise de fonction, la nouvelle ministre de l’Energie, Ségolène Royal, avait promis une réforme qui limiterait la hausse à l’inflation, estimant qu’il n’y avait pas de fatalité à l’augmentation des tarifs.
Je suis en train de réformer la façon dont on calcule la hausse du prix de l’électricité a-t-elle confirmé jeudi.
On ne peut rêver mieux
En attendant la refonte promise, on ne pouvait rêver mieux que le gel annoncé jeudi, a réagi François Carlier, de l’association de consommateurs CLCV.
Très critique à l’égard de la manière dont la Commission de régulation de l’énergie rend ses avis, l’association dénonce régulièrement son manque de transparence et sa trop forte dépendance technique à EDF.
Les tarifs du marché de gros sont orientés à la baisse depuis plusieurs années en raison de la crise: il est illogique que les prix flambent pour les particuliers, juge M. Carlier, qui appelle à une réforme du mode de calcul prenant davantage en compte les marchés de gros.
L’UFC-Que Choisir accueille avec une réelle satisfaction le gel des tarifs pour les 28 millions de Français concernés, a réagi l’association de consommateurs dans un communiqué.
Cependant, elle appelle le gouvernement à border juridiquement dans les plus brefs délais cette décision, par une réforme concertée de la méthode de calcul, pour éviter de nouveaux camouflets juridiques aux conséquences désastreuses pour les consommateurs.
Une allusion à la décision du Conseil d’Etat qui, en avril, a contraint le gouvernement à faire payer une facture rétroactive aux abonnés d’EDF pour la période allant de fin juillet 2012 à fin juillet 2013.
Dégringolade en Bourse
En juillet 2012, peu après le retour de la gauche au pouvoir, le gouvernement Ayrault avait limité à 2% l’augmentation de ces tarifs, alors que la CRE avait calculé qu’une hausse de 5,7% s’imposait.
La plus haute juridiction administrative, saisie par les petits concurrents d’EDF regroupés au sein de la fédération Anode, avait jugé que les tarifs réglementés étaient manifestement inférieurs au niveau auquel ils auraient dû être fixés en application des principes s’imposant aux ministres.
Le nouveau gouvernement Valls avait deux mois, à compter du 11 avril, pour prendre un nouvel arrêté conforme.
Joint par l’AFP, l’Anode n’avait pas encore réagi à la mi-journée. Mais pour un bon connaisseur du dossier, il fait peu de doute que le gouvernement va être attaqué et condamné par le Conseil d’Etat. C’est ce qui se passe depuis deux ans.
Dans l’immédiat, l’annonce de la ministre faisait dégringoler l’action EDF à la Bourse de Paris.
A 12H55 le titre lâchait 9,57% à 25,10 euros. Lanterne rouge du CAC 40, il dénotait fortement dans un indice en progression de 0,77%.
L’annonce de Ségolène Royal change la donne. EDF avait obtenu 5% (de hausse de ses tarifs) en 2013, et là rien en 2014, alors qu’on prévoyait quelque chose du même ordre. (…) Ca risque de peser sur les résultats en fin d’année, a commenté Xavier de Villepion, un vendeur d’actions de Global Equities.
No Comment