Dans une action de justice rare en Ouganda, cinq hommes et femmes ont été condamnés à quatre ans de prison cette semaine pour avoir excisé ou aidé à exciser des filles dans l’Est du pays. Dans ce pays d’Afrique de l’Est la pratique était interdite en 2010, mais où l’application de cette interdiction reste très limitée.
La loi ougandaise consiste à pénaliser jusqu’à dix ans de prison pour les coupables de mutilation génitale féminine et pénalise la discrimination de femme non excisée. Cette décision prise en 2010 a été saluée par les militants du droit des femmes. Mais ces derniers n’ont pas cessé de se plaindre du fait que les arrestations sont rares.
Béatrice Chelangat qui dirige Reach, une ONG active dans le domaine, explique la difficulté à trouver des villageois prêts à témoigner contre un suspect devant la justice. « Ces gens ont peur des représailles, sans compter qu’ils appartiennent à des communautés qui tiennent à perpétuer cette pratique », précise l’activiste.
« Nous préférons toujours le recours à la prévention plutôt qu’aux poursuites en justice, mais la loi ougandaise existe depuis longtemps, seulement il est très rare de la voir appliquée par la justice, explique Ann-Marie Wilson, fondatrice et directrice de l’organisation 28 Too Many qui lutte contre l’excision. Et c’est seulement une fois qu’elle sera vraiment appliquée qu’elle sera prise au sérieux, surtout que de nombreux cas ont montré que les Ougandais et les Kenyans passaient la frontière de l’autre pays pour échapper aux poursuites. Et depuis qu’une loi similaire a été votée au Kenya en 2011, les poursuites ont également augmenté là-bas, donc c’est la bonne solution. »
Les ONG estiment le taux de prévalence de l’excision à 50 % chez les Sabiny et 90 % chez les Pokot, les deux ethnies les plus concernées par le phénomène.
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